Guide du visiteur

Art(s) nouveau(x) belge(s)

Ce n’est pas la fleur que j’aime à prendre, moi, comme élément de décor, mais la tige.

—Victor Horta

 

Dans les années 1850, Bruxelles est en pleine ébullition culturelle et artistique. Capitale d’un nouveau pays à la constitution très libérale, elle accueille exilés politiques et artistiques et devient le creuset des premières avant-gardes. Au même moment, la révolution industrielle engendre une nouvelle classe sociale enrichie qui entend montrer sa réussite. Néanmoins, les inégalités sont criantes et les mouvements sociaux grondent.

Vers 1880, une génération d’artistes, issus de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles pour la plupart, souhaite prendre place aux débats. Elle milite pour une réforme totale de l’enseignement, de la production des objets d’art et d’une large diffusion du « beau ». En ce sens, elle a totalement intégré l’enseignement des Arts and Crafts, un mouvement socialement critique, progressiste et esthétique né en Angleterre, qui aspire à une beauté universelle dans la vie quotidienne. 

Ces actrices et acteurs, s’adonnant tantôt à la peinture, à la sculpture ou à l’architecture, font des arts mineurs un terrain de renouvellement des ornements. Des salons comme ceux de la Libre Esthétique sont l’opportunité d’expérimenter leurs idéaux qui, par mouvement de balancier, va révolutionner l’architecture qui les absorbe à son tour. La voie est prête pour qu’émergent des œuvres nouvelles d’art total modernes.

La ligne Art nouveau n’est pas celle d’une fleur mais d’une force vitale puisée dans la nature. Victor Horta l’exprime sous forme de coup de fouet. Qu’en est-il des autres ? Comment ces protagonistes entendent réformer les arts ? Être les moteurs d’un changement ou répondre une demande grandissante du public ? 

C’est dans ce contexte belge dense et complexe que naît le « Modern Style », appelé aujourd’hui l’Art nouveau. L’Art nouveau belge suscite l’intérêt de l’Europe entière car il n’atteint pas de tels sommets ailleurs. L’architecte Victor Horta avec l’hôtel Tassel serait le premier, en 1893, à s’y aventurer. Pourtant, la même année, Paul Hankar réalise un autre manifeste, en construisant sa maison personnelle à quelques mètres à peine. Associe-t-on Henry van de Velde au mouvement alors qu’il fut l’un des protagonistes ? Et que dire des réalisations de Serrurier-Bovy qui furent diffusées à travers le monde ?

La première exposition de la Maison Hannon souhaite dresser un panorama des artistes belges qui, par leur engagement, ont jeté les bases de ce que le 20e siècle qualifiera de « design ».

Paul Hankar (1859-1901)

Aux côtés de Victor Horta, Paul Hankar est considéré comme l’« autre » père de l’Art nouveau en Belgique. 

Lorsqu’il construit en 1893 sa maison personnelle et son atelier rue Defacqz à Bruxelles, il s’établit officiellement comme architecte indépendant. Ce manifeste d’architecture signe, à l’instar de l’hôtel Tassel (1893) réalisé par Victor Horta, l’acte de naissance de l’Art nouveau. Grâce à son maître l’architecte Hendrik Beyaert, défenseur de l’éclectisme et de l’historicisme, le style de Paul Hankar est fortement influencé par l’architecture locale. Sa sensibilité propre le pousse à y associer le mouvement Arts and Crafts anglais et le japonisme. Sa passion pour l’archéologie s’y fait également ressentir. Son renouvellement des arts passe par un mélange de ces différentes influences et non une figuration de la nature.

L’innovation de Paul Hankar ne réside pas tant dans la structure spatiale de ses bâtiments que dans leur langage formel : jeux de briques, travail particulièrement soigné du métal ou de la pierre, couleurs et matériaux souvent complémentaires, raffinement des matières utilisées en sont les principales caractéristiques. De plus, sa recherche de dynamisme se manifeste souvent par un agencement circulaire des éléments ou une représentation de la décomposition d’un mouvement. Mais ne nous trompons pas : l’ornement dans ses réalisations n’y est jamais gratuit et revêt d’abord une fonction. En ce sens, son rationalisme est influencé par les théories de l’architecte français Viollet-le-Duc. Cette écriture se retrouve également dans les meubles qu’il conçoit et dont le nombre ne cesse d’augmenter. Son art tend donc à devenir total, envahissant tous les modes d’expression. Pour les arts graphiques (papiers peints, sgraffites…), il s’associe à Adolphe Crespin.

En 1897, Hankar est l’architecte en chef de l’Exposition coloniale de Tervuren. À ce titre, il conçoit plusieurs salles et rassemble autour de lui Gustave Serrurier-Bovy, Henry van de Velde et Georges Hobé. Le succès est au rendez-vous : le style Art nouveau devient à la mode et apporte une notoriété à l’architecte. Outre les commandes d’hôtels particuliers, il est désormais sollicité pour aménager des boutiques et des restaurants. Dans la foulée, une nouvelle génération de jeunes architectes talentueux fait son entrée dans son atelier : Émile Van Nooten, Paul Hamesse et Léon Sneyers.

Il disparaît en 1901, au sommet de sa carrière.
 

1.
Bougeoir pour l’Hôtel Kleyer (Bruxelles, détruit)
1898
fer forgé, laiton
RES collection — Galerie St-John, Ghent

2.
Bougeoir et porte allumettes
ca. 1893
cuivre, bronze
Jonathan Mangelinckx Collection

3.
Ornement pour la maison personnelle de l’artiste (Bruxelles)
1893
fer forgé
Design Museum Gent

4.
Détails de pierres du mur de clôture 
de l’atelier d’Albert Ciamberlani, (Bruxelles, détruit)
sd
crayon, encre de Chine sur papier
Collection Jeanine Goffette-Guy Vanbellingen

5.
Tabouret pour le Grill room du Grand Hôtel (boulevard Anspach, Bruxelles, détruit)
1897
chêne, cuir, cuivre
Jonathan Mangelinckx Collection

6.
Tabouret de piano pour la Villa Les Glycines de Philippe Wolfers (La Hulpe)
ca. 1899
acajou, cuir
RES collection — Galerie St-John, Ghent

7.
Tabouret pour la maison personnelle de l’artiste (Bruxelles)
1893
chêne
Design Museum Gent

8.
Chaise pour la salle à manger de la Villa Les Glycines de Philippe Wolfers (La Hulpe)
1899
chêne, cuir, cuivre
Jonathan Mangelinckx Collection

9.
Adolphe Crespin (1859-1944)
Affiche publicitaire pour l’architecte Paul Hankar
1894
impression sur papier
Musée d’Ixelles

10.
Table pour l’Hôtel Renkin 
(Bruxelles, détruit)
1897
acajou, marbre, onyx
Design Museum Gent

11.
Applique murale pour la maison personnelle de l’artiste (Bruxelles)
1893
fer forgé doré
Design Museum Gent

12.
Elément d’un placard pour la maison personnelle de l’artiste (Bruxelles)
1893
pitchpin, orme, laiton
Design Museum Gent

13.
Chaise pour le fumoir de la Villa Les Glycines de Philippe Wolfers (La Hulpe)
1899-1900
chêne, acajou, cuir, bronze
Design Museum Gent

14.
Tabouret pour le fumoir de la Villa Les Glycines de Philippe Wolfers (La Hulpe)
1899-1900
chêne, acajou, cuir, bronze
Design Museum Gent

 

 

 

Gustave Serrurier-Bovy (1858-1910)

Gustave Serrurier-Bovy est celui qui a réussi à diffuser l’Art nouveau belge à grande échelle. Architecte de formation, le Liégeois réalise d’abord des meubles dont le style est fortement influencé par les Arts and Crafts. 

Son mariage en 1884 avec Maria Bovy lui permet d’associer son nom à celui d’une grande entreprise spécialisée dans la décoration intérieure : en 1888 naît la marque Serrurier-Bovy. Très entreprenant, il a recours aux expositions d’art afin de se faire connaître. Ainsi, en 1894, un ensemble de meubles de style anglais, la « Chambre de l’artisan », est remarqué aux salons de la Libre Esthétique. En 1897, Paul Hankar le sollicite afin de décorer une salle lors de l’Exposition coloniale de Tervuren. Son déploiement sur la scène internationale a lieu à l’Exposition universelle de Paris en 1900, alors qu’il réalise avec René Dulong, son futur associé, le Pavillon Bleu, un restaurant de luxe situé aux pieds de la Tour Eiffel. Serrurier-Bovy est alors une entreprise florissante avec des salles d’exposition à Liège, Bruxelles, Paris et Nice. La production en série des meubles, de façon semi-industrielle, en permet une large diffusion à travers l’Europe et le monde. 

Le style de Serurrier-Bovy est neuf. Pour Henry van de Velde, il est seul Belge à être parvenu à avoir dépassé le mouvement Arts and Crafts. La diversité de son interprétation de l’Art nouveau s’explique par l’adaptation de son style à son public-cible : sobre et anglais dans les premières années, somptueux et exubérant vers 1900 quand le marché parisien l’attire, rationnel et fonctionnel quand, à partir de 1903, il diversifie son catalogue ou quand, en 1904, la demande sociale entre en jeu. Malgré ce renouvellement permanent et cette évolution, la main du créateur reste reconnaissable par son rationalisme, la qualité de l’exécution et le dialogue entre les couleurs et les matériaux. 

La maison personnelle des Serrurier-Bovy, la Villa L’Aube, est construite à Liège en 1903. Lieu de réunion pour ses amis souvent issus du milieu artistique, L’Aube est conçue comme une œuvre d’art total, et un endroit où il aime recevoir et convaincre des clients potentiels.

La mort inopinée de Gustave Serrurier en 1910 interrompt brutalement cette créativité. La marque disparaît quelques années plus tard.

 

1.
Fauteuil modèle « Une chambre d’artisan »
1895
chêne, laiton
Design Museum Gent

2.
Chaise
1897-1898
acajou, cuir
Design Museum Gent

3.
Cadre pour un projet de la fresque 
Le Bois sacré cher aux arts et aux muses de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) exposé à la maison personnelle de l’artiste, la Villa L’Aube (Liège)
1883-1884
acajou, laiton, cuivre
Collection privée

4.
Fragment de papier peint pour 
le Château de La Cheyrelle (Dienne)
ca. 1905
peinture au pochoir sur papier
Collection de la Maison Hannon, 
don de la galerie Haesaerts - le Grelle

5.
Chaise modèle « Silex » pour la maison personnelle de l’artiste, 
la Villa L’Aube (Liège)
ca. 1905
peuplier, métal peint
Design Museum Gent

6.
Lustre pour chambre « Modèle C »
Serrurier & Cie
1904
fer, laiton, verre
Arets Galleries

7.
Lit « Modèle C »
1904
métal peint, bronze, chêne
Collection privée, Bruxelles

8.
Porte-manteau
1905
fonte émaillée, fer, laiton
Musées de la Ville d’eaux – Spa

9.
Psyché
Serrurier & Cie
1905
peuplier, métal, peinture au pochoir
Collection de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en dépôt au Grand Curtius

10.
Fauteuil modèle « Wagner »
Serrurier & Cie
1902-1903
padouk, velours, soie, bronze
Design Museum Gent

11.
Auguste Donnay (1862- 1921) d’après un dessin d’Armand Rassenfosse (1862-1934)
Projet pour la mosaïque de la façade principale de la maison personnelle de l’artiste, la Villa L’Aube (Liège)
1903-1904
huile sur toile
Collection privée

12.
Cadre pour un projet pour L’Aube d’Armand Rassenfosse (1862-1934) exposé à la maison personnelle de l’artiste
1903-1904
padouk, laiton, cuivre
Collection privée, Belgique

13.
Bracelet
1905
argent doré, pierres semi-précieuses
Collection privée, Belgique

14.
Pendentif
1905
argent doré, pierres semi-précieuses
Collection privée, France

15.
Soliflore
ca. 1905
fer forgé, cuivre, cristal
Jonathan Mangelinckx Collection

16.
Soliflore
en collaboration avec René Dulong (1860-1944) et les Cristalleries du Val Saint-Lambert
1904
laiton, cristal
Design Museum Gent

17.
Porte-Menu
sd
laiton, cristal
Collection privée, France

18.
Paire de serre-livres
Serrurier & Cie
ca. 1902
laiton
Jonathan Mangelinckx Collection

19.
Tablier de cuisine
ca. 1903-1904
coton, soie
Collection privée, Belgique

20.
Serviette de table
ca. 1903-1904
lin, coton
Collection privée, Belgique

21.
Serviette de table ou repose-tête pour fauteuil pour la maison personnelle de l’artiste
ca. 1903-1904
lin, coton, soie
Collection privée, Belgique

22.
Repose-tête
ca. 1903-1904
coton
Collection privée, Belgique

23.
Fragment de couvre-lit ou rideau pour la maison personnelle de l’artiste (hypothèse)
ca. 1903-1904
coton, peinture au pochoir
Collection privée, Belgique

24.
Nappe
ca. 1903-1904 (hypothèse)
textile, peinture au pochoir
Collection privée, Belgique

Henry van de Velde (1863-1957)

Henry van de Velde (1863-1957) est considéré comme un des grands théoriciens de l’Art nouveau. 

Insatisfait de son travail de peintre, il cherche à partir de 1892 de nouveaux moyens d’expression artistique. Les arts décoratifs et appliqués que pratique également sa compagne Maria Sèthe deviennent pour lui un terrain d’expérimentation qui lui permet d’assimiler le mouvement Arts and Crafts, et d’en poursuivre le processus de réflexion.

Sa vision théorique, sur laquelle il donne des conférences et publie des essais, couvre un large éventail de sujets tels que la place de l’ornement, la fonctionnalité ou le processus de production. Soucieux d’associer les progrès techniques à la production d’objets utilitaires de qualité, il est l’un des premiers, dès 1894, à préconiser le recours de la machine industrielle pour soulager le travail des ouvriers et favoriser une large diffusion. En ce sens, il peut être considéré comme le père du design en Belgique. 

« La ligne est une force », tel est le credo d’Henry van de Velde. Cette signature caractérise ses créations : la ligne, d’inspiration organique mais abstraite, construit et décore l’objet. Et ce, dans des disciplines particulièrement variées : mobilier, orfèvrerie, céramique... De sa carrière de peintre, il conserve son talent pour les associations de couleurs et sa capacité à créer une unité dans l’ameublement, la décoration, les œuvres d’art et l’architecture.

En 1900, Henry van de Velde part pour l’Allemagne, où son travail est très apprécié. À Weimar, il fonde une école d’arts décoratifs avec un nouveau système d’éducation, caractérisé par le travail pratique et la diversité de la formation. Il ne revient en Belgique qu’en 1926. À la demande du gouvernement belge, il crée l’école de La Cambre à Bruxelles, dont l’enseignement est analogue à celui de son école de Weimar. Henry van de Velde devient ainsi le précurseur de toute une nouvelle génération d’artistes belges, pour lesquels l’Art nouveau est un élan et demeure un état d’esprit. 

 

1.
Papier peint, sans titre
en collaboration 
avec Maria Sèthe (1867-1943)
reproduction murale par l’Atelier d’Offard
1893-1896
Fonds van de Velde. ENSAV - La Cambre, Bruxelles 
© SABAM Belgium 2023

2.
Papier peint Tulipes
en collaboration 
avec Maria Sèthe (1867-1943)
reproduction
1893-1896
Fonds van de Velde. ENSAV - La Cambre, Bruxelles 
© SABAM Belgium 2023

3.
Papier peint Ancolies
en collaboration 
avec Maria Sèthe (1867-1943)
reproduction
1893-1896
Fonds van de Velde. ENSAV - La Cambre, Bruxelles 
© SABAM Belgium 2023

4.
Papier peint motif dynamo-graphique
en collaboration 
avec Maria Sèthe (1867-1943)
reproduction
1893-1896
Fonds van de Velde. ENSAV - La Cambre, Bruxelles 
© SABAM Belgium 2023

5.
Papier peint, sans titre
en collaboration 
avec Maria Sèthe (1867-1943)
reproduction
1893-1896
Fonds van de Velde. ENSAV - La Cambre, Bruxelles 
© SABAM Belgium 2023

6.
Tapis pour la chambre à coucher de la Maison Esche (Chemnitz, Allemagne)
1908
laine
Design Museum Gent

7.
Sellette pour Louis Bauer
1896
padouk
Collection privée, Bruxelles

8.
Fauteuil pour Louis Bauer
1896
padouk, textile
Collection privée, Bruxelles

9.
Vitrine
ca. 1896
padouk, verre blanc, verre coloré
Design Museum Gent

10.
Banquette de piano pour la maison personnelle de l’artiste Les Hauts Peupliers (Weimar-Ehringsdorf, Allemagne)
1902
pin laqué
Design Museum Gent

11.
Chaise modèle « Bloemenwerf »
1895
chêne, cuir
Jonathan Mangelinckx Collection

12.
Plafonnier modèle « E 118 »
ca. 1904
laiton poli, verre
Klassik Stiftung Weimar

13.
Carreaux (x 2)
Alexandre Bigot & Compagnie
1899
grès
Design Museum Gent

14.
Carreau
Alexandre Bigot & Compagnie
1895
grès
Design Museum Gent

15.
Porte-menu de l’artiste
1911
argent
Design Museum Gent

16.
Broche
1895-1898
or, saphir, diamant
Jonathan Mangelinckx Collection

17.
Porte cure-dent
1901
métal argenté
Design Museum Gent

18.
Épingle à cravates de l’artiste
ca. 1900
argent
Design Museum Gent

19.
Encrier
1898
bronze
Design Museum Gent

20.
Saucière, assiette et assiette à pain
Manufacture de porcelaine 
de Meissen
1903-1904
porcelaine
Design Museum Gent

21.
Tasse, soucoupe et assiette pour service de petit déjeuner
Manufacture de porcelaine de Burgau
1906
porcelaine
Design Museum Gent

22.
Cuillère à café
1900-1999
argent
Design Museum Gent

23.
Pelle à tarte, cuillère à sauce, fourchette à fruits, couteau à poisson, fourchette à poisson et cuillère à sel du modèle « I »
1902-1906
argent, vermeil
Design Museum Gent

24.
Couteau à dessert, fourchette et cuillère du modèle « III »
1910-1911
argent
Design Museum Gent

25.
Fourchette, cuillère, couteau à dessert et couteaux du modèle « II »
1905-1906
argent
Design Museum Gent

26.
Tissu pour robe (échantillon)
1901
soie
Design Museum Gent

27.
Tissu pour robe (échantillon)
1901
soie
Design Museum Gent

28.
Tissu pour la robe d’Elisabeth Förster-Nietzsche (robe disparue, échantillon)
1901
soie
Design Museum Gent

29.
Tissu décoratif issu de la collection d’échantillons de l’artiste
1906
coton
Design Museum Gent

... & Co

En 1883, l’avocat et essayiste Octave Maus fonde un cercle artistique, les XX, auquel succède dès 1894 la Libre Esthétique. Parmi les fondateurs, citons entre autres Fernand Dubois, James Ensor, Fernand Khnopff, Jef Lambeaux, Périclès Pantazis ou Théo Van Rysselberghe, rapidement rejoints par Anna Boch, Félicien Rops, Georges Lemmen, Henry van de Velde, Auguste Rodin, George Minne, Paul Signac... Les artistes invités à exposer ne furent autres que Pissarro, Monet, Seurat, Caillebotte, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Cézanne, van Gogh... 

À l’époque, la hiérarchisation entre les différents types d’arts est encore tenace. Les beaux-arts (peinture, sculpture, architecture…) sont considérés comme majeurs, en opposition aux arts décoratifs (céramique, mobilier…) et appliqués (textiles, mode…), dits mineurs. Tels Lemmen, van de Velde ou Finch, les membres de ces cercles d’avant-garde, qui regroupent quantités d’artistes issus des beaux-arts, bousculent les conventions et explorent de nouveaux modes et supports d’expression.

Aux Cristalleries du Val-Saint-Lambert (Liège), le directeur artistique Léon Ledru est le premier à oser intégrer au catalogue la ligne Art nouveau par un travail sur la taille et la couleur, soucieux de répondre aux attentes d’un public en recherche de nouveauté. 

Dix ans plus tard, ceux qu’on appelle la « deuxième génération », c’est-à-dire les élèves ou les disciples des architectes, n’ont pas renoncé à ce qu’ils avaient reçu comme enseignement. Ceux dont les œuvres sont exposées ici se nomment Léon Sneyers, Paul Hamesse et Fritz Seeldrayers, disciples de Paul Hankar. Les connait-on encore ? Ils apportent pourtant une contribution substantielle à l’Art nouveau belge, en perpétuant les leçons des maîtres : la ligne est une force, pas un modèle végétal à imiter. Autour de 1900, elle tend à disparaître, au contact d’autres expérimentations ou influences (Glasgow, Vienne, Darmstadt…) pour ensuite devenir une ligne droite...

 

1.
Alfred William Finch (1854-1930)
Carreaux (x 2)
1895-1897
faïence, engobe, glaçage
Design Museum Gent

2.
Alfred William Finch (1854-1930)
Carreaux (x 2)
1895-1897
faïence, engobe, glaçage
Design Museum Gent

3.
Alfred William Finch (1854-1930)
Vase
1895-1897
faïence, engobe, glaçage
Design Museum Gent

4.
Alfred William Finch (1854-1930)
Vase
1895-1897
faïence, engobe, glaçage
Design Museum Gent

5.
Georges Lemmen (1865-1916)
Couverture pour le catalogue 
de l’exposition des XX
1893
impression sur papier
Jonathan Mangelinckx Collection

6.
Georges Lemmen (1865-1916)
Couverture pour le catalogue 
de l’exposition des XX
1891
impression sur papier
Jonathan Mangelinckx Collection

7.
Alfred William Finch (1854-1930)
Vase
1894
céramique
RES collection — Galerie St-John, Ghent

8.
Georges Hobé (1854- 1936)
Applique murale
1902
bronze, cristal
Jonathan Mangelinckx Collection

9.
Léon Sneyers (1877-1949)
Cadre pour une photographie 
de Junon ! ou la Fée au Paon 
de Philippe Wolfers (1901)
ca. 1902
chêne, verre
Fondation Roi Baudouin en dépôt au Musée Art & Histoire

10.
Léon Sneyers (1877-1949)
Cadre pour une photographie 
du vase Iris et Poissons 
de Philippe Wolfers (1897)
ca. 1902
chêne, verre
Fondation Roi Baudouin en dépôt au Musée Art & Histoire

11.
Léon Sneyers (1877-1949)
Cadre pour une photographie 
du vase Pavots ! 
de Philippe Wolfers (1897-1898)
ca. 1902
chêne, verre
Fondation Roi Baudouin en dépôt au Musée Art & Histoire

12.
Léon Sneyers (1877-1949)
Cadre pour une photographie du vase Salamandres ! 
de Philippe Wolfers (1898-1900)
ca. 1902
chêne, verre
Fondation Roi Baudouin en dépôt au Musée Art & Histoire

13.
Fritz Seeldrayers (1878-1963)
miroir
1902
pitchpin, verre
Collection privée, Bruxelles

14.
Paul Hamesse (1877-1956)
Sellette pour l’Hôtel Cohn-Donnay (Bruxelles)
1904
bois laqué blanc, faïence
Jonathan Mangelinckx Collection

15.
Gisbert Combaz (1869-1941)
Projet d’affiche pour l’inauguration de l’hôtel de Ville de Saint-Gilles
1904
fusain, aquarelle et encre sur papier
Collection de la Commune de Saint-Gilles

16.
Léon Ledru (1855-1926) et les Cristalleries du Val Saint-Lambert
Vase
1897
cristal
Jonathan Mangelinckx Collection

17.
Léon Ledru (1855-1926) et les Cristalleries du Val Saint-Lambert
Vase
ca. 1897
cristal
Jonathan Mangelinckx Collection

18.
Léon Ledru (1855-1926) et les Cristalleries du Val Saint-Lambert
Vase
1897-1905
cristal
Collection Foundation Madeleine 7, Belgique

19.
Léon Ledru (1855-1926) et les Cristalleries du Val Saint-Lambert
Vase
ca. 1897
cristal
Jonathan Mangelinckx Collection

20.
Léon Ledru (1855-1926) et les Cristalleries du Val Saint-Lambert
Coupe
ca. 1897
cristal
Collection Foundation Madeleine 7, Belgique

21.
Gisbert Combaz (1869-1941)
Les éléments
1896
encre sur papier
Jonathan Mangelinckx Collection

22.
Gisbert Combaz (1869-1941)
Argo à la Toison d’Or
1897
impression sur papier
Collection privée, Bruxelles

23.
Gisbert Combaz (1869-1941)
Projet avec arbre
1896
encre sur papier
Jonathan Mangelinckx Collection

24.
Gisbert Combaz (1869-1941)
La Maison d’Art
1896
encre sur papier
Jonathan Mangelinckx Collection