Nouveau musée, nouvelle identité. Interview de l’équipe Oilinwater

La recherche d’un symbole

Assez rapidement dans la conception du projet, la nécessité de l’utilisation d’un symbole nous a paru évidente. Du fait de l’identité et des courants architecturaux auxquels la maison appartient. Et parce qu’elle est particulièrement riche d’un point de vue symbolique, tout nous semblait avoir été pensé dans ce lieu pour faire vivre une expérience codée, visuelle et émotionnelle à ses visiteurs. 
 
Le couple des commanditaires Édouard Hannon et Marie Debard commande la majeure partie du mobilier destiné à la maison à Émile Gallé qui utilisera le dessin de l’ombelle de façon assez systématique dans son travail. 
Cette fleur est aussi utilisée comme moule pour la fabrication de la poignée de la porte principale de la maison, comme un premier point de contact avec le lieu, comme une clé d’entrée — pour les visiteurs de Édouard Hannon il y a 120 ans, et dans quelques mois pour le futur public de ce nouveau musée —.

Ce qui nous intéressait tout particulièrement dans le traitement de cet objet, c’est qu’il nous semblait être une bonne synthèse de la façon dont Jules Brunfaut avait conçu le lieu. Il utilise par touches ponctuelles différents courants artistiques en cours à Bruxelles à cette époque. La poignée n’est pas dessinée selon les principes de la ligne claire et de la courbe qui sont les plus attendues pour une réalisation Art Nouveau en Belgique, mais est un moulage hyperréaliste de la fleur, presque de style rocaille. 

Nous l’avons stylisée, convertie dans un dessin en deux dimensions et utilisée comme un marqueur d’enchâssement visuel entre les mots composant le logotype. Et comme un sceau pouvant être utilisé aussi de façon indépendante.

A l’image de la poignée, la communication graphique est aussi un premier point de contact avec le public.

Arts and Crafts

Nous avons ressenti tout au long du développement du projet une certaine forme d’écho entre ce que devait être le chantier de construction de la MAISON HANNON qui fut certainement un ballet de métiers et d’artisans chacun spécialisé dans son domaine et notre propre pratique. 
Nous nous sentons profondément être des artisans dans notre métier de graphiste, nous réalisons des travaux de commande qui auront une fonction pratique. Mais nous cherchons à donner du sens et à exprimer les messages dans des formes esthétiques. Le contexte artistique de l’époque nous parle donc tout particulièrement de ce point de vue.
Aussi, ce projet nous ne l’avons pas réalisé seul mais en collaboration avec toute une équipe de métiers autour de nous — typographes, illustrateur, photographes, imprimeur, relieur —.

Les contraintes techniques 

Ce qui nous frappe aussi dans la dynamique du courant architectural et des idées des concepteurs de cette période Art Nouveau, c’est la façon dont ils intègrent les innovations techniques et les contraintes techniques dans la construction des bâtiments et des objets. Nous souhaitions également concevoir les éléments de l’identité graphique dans cet esprit, en utilisant des matériaux contemporains dont nous disposons aujourd’hui en tant que graphistes, pour la couleur, les papiers et la typographie.
 
Nous souhaitions faire écho à l’identité du lieu et atteindre une certaine forme d’intemporalité, sans essayer d’imiter le passé.